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L'INDE
3 juillet 2004

Calcutaaaaaaaaaa

Tous ces messages et commentaires !!!

Merci, merci merci !

Je vais devoir prendre une semaine pour les lire! je suis ravi...

 

Hier matin, avant de quitter les cimes, à notre réveil à 6h 30 la brume s'est dissipée et l'Himalaya s'est montré une dernière fois, blanc sur un ciel très bleu.

Nous avons roulé toute la matinée pour descendre des cimes vers la plaine, à Bagdogra. Il faisait soleil et j'ai pensé tout le long à « Blissfully yours », le génial film Thaï.

Même décor, une petite route dans la jungle le long des gorges avec des singes qui regardent passer les Jeeps, et des gens à moitié nus qui se laissent vivre.

Nous avons repris l'avion qui nous a posé à Calcutta en début d'après-midi.

Pas de mousson hier, ni dans l'Himalaya, ni à Calcutta. Un soleil de printemps orangé.

Nous devions passer seulement la soirée et la nuit à Calcutta, le temps de montrer à Erik quelques images de la ville. Erik a décollé cet après-midi pour Anvers via Bombay et moi au lieu de repartir sur Bombay j'ai décidé de rester à Calcutta !

Je suis fou de la ville, et comme toutes les choses dont on est fou, je suis incapable d'expliquer pourquoi. Ce plaisir que j'ai à vivre à Calcutta est impossible à communiquer tant il est plein, naturel et dépasse tous les autres.

Je voulais revoir la ville pour vérifier si après l'avoir quittée il y a deux mois et avoir fait un tour de l'Inde le plaisir particulier qu'elle m'avait inspiré était bien réel.

Nous sommes arrivés en fin d'après-midi au Fairlawn sans avertir, et j'ai eu le plaisir de retrouver toutes les personnes que j'avais eu du mal à quitter il y a deux mois. Retrouvailles archi-chaleureuses, Farid a sursauté en me voyant et m'a pris la main pendant cinq minutes, j'ai retrouvé tous les gens de la pension et dans la foule de la rue Erik était amusé de voir les femmes devant les boutiques et les rickshaws m'appeler. C'est un plaisir un peu narcissique mais c'est surtout délicieux de revenir quelque part et d'y être aussi chaleureusement accueilli.

Après un thé sous la véranda du Fairlawn j'ai plongé Erik, très partant pour ça, dans la cohue de Calcutta.

Nous avons marché dans les rues et hier ça m'a semblé particulièrement fou.

J'aimerais montrer Calcutta à tout le monde, et faire ce que nous avons fait hier avec Erik, avec toutes les personnes qui me lisent pour que vous puissiez l'éprouver.

Ni les photos ni toutes les descriptions que je tenterai ne peuvent donner une idée de la rue à Calcutta.

Les rues avec des milliers de boutiques qui vont de 1 m2 à 4 m2, et des groupes de sept ou huit personnes, calmes, souriants et occupés ou inoccupés, enchevêtrés les uns les autres dans ces espaces minuscules, trois ou quatre petites choses à vendre, et des minis temples dans toutes les boutiques… des boites, des récipients entassés, des paperasses, les gens qui dorment partout sur le trottoir et que la foule enjambe ou contourne sans effleurer, les centaines de coolies qui portent des matelas, des tuyaux de 5 mètres, des ventilateurs, des poupées, des chaussures, des poulets, des livres et qui se faufilent sans toucher personne, les chiens endormis partout, les enfants nus qui se lavent devant les fontaines au milieu des courgettes et des cerises, les riches bengalis en sari et Kurta pyjamas immaculées qui déambulent, les lépreux écroulés devant les temples, les ambassadors qui klaxonnent, les vélos, les motos et les rickshaws agglutinés sur la chaussée… Il y a plusieurs strates, les minuscules boutiques dans les murs, les étalages sur le trottoir, les étalages sur la chaussée et tout le reste entre. Dans toutes les entrées d'immeubles noires et écroulées il y a des coussins, des chaises occupés avec d'autres groupes de personnes qui discutent, qui boivent du thé, qui lisent, la tête posée sur le ventre du voisin qui dort ou qui est en train de d'arranger des fleurs des guirlandes fleurs.

Ce qui est d'autant plus fascinant c'est que cette foule archi urbaine ne porte presque pas de vêtements, les femmes montrent leur ventre et sont complètement détendues et les hommes ont vaguement un morceau de tissus autour des hanches qu'ils passent leur temps à ajuster. La seconde chose fascinante c'est que tous ces corps agglutinés avec des couleurs de peau sublimes, sont enlacés avec des gestes de tendresse incompréhensibles selon les codes occidentaux. On a l'impression que la foule entière est en train de se procurer mutuellement du plaisir. Personne ne reste assis seul.

Le corps est presque toujours appuyé sur celui d'un autre, les mains sont enlacées ou se promènent sur le front, les épaules ou les cuisses de celui qui est à côté. Ce qui est d'autant plus étrange c'est que cette absolue liberté en ce qui concerne les manifestations de tendresse se fait en séparant les sexes. Les femmes peuvent faire cela avec les femmes et les hommes avec les hommes. Parimala à qui j'ai expliqué mon étonnement m'a dit que dans l'intimité les hommes et les femmes étaient très libres entre eux, mais dans la rue les contacts entre hommes et femmes ne sont pas acceptés. Tout le monde déverse sa tendresse et sa sensualité sur ses amis… Ca a l'air agréable.

Erik comme moi est ébloui par la bonne humeur que dégage cette foule.

Au bout de la promenade nous nous sommes arrêtés à l'Indian Coffee House, le café littéraire. J'y ai retrouvé Hritik (le danseur) par hasard.

Ce matin je suis retourné une troisième fois dans le décadent Marble Palace, avec les Murillo accrochés au mur au dessus des Vénus ébréchées, et des vases chinois renversés sur des gorilles en bronze. Je voulais qu'Erik voit ça, nous avons continué jusqu'à la maison de Tagore où Hritik qui nous cherchait partout nous a retrouvé.

Il avait très naturellement demandé à son professeur de danse qui est paraît-il le plus réputé de Calcutta de convoquer tous ses élèves pour que nous puissions assister aux différentes danses.

Nous nous sommes donc retrouvés au troisième étage d'une grosse maison bourgeoise défraîchie qui appartenait à la famille Tagore à regarder une trentaine de danseuses et danseurs exécuter les danses de Kali, de Krishna, ou danser sur les chansons de Tagore sous les directives de leur professeur et guru.

C'est en sortant que j'ai compris que nous n'avions pas assisté à un cours normal, mais que toutes ces personnes appelées la veille à 22 heures s'étaient libérées pour nous faire ce show.

Comment ne pas être fou de Calcutta après ce genre d'événements ?

Nous sommes vite revenus à l'hôtel, Erik a sauté dans un taxi pour l'aéroport et je me suis replongé tout seul dans les rues sous la pluie. Je me suis arrêté ruisselant au Magnolia, dans un décor « In the Mood for Love » et j'ai mangé dans la salle vide une assiette de gambas au poivre et un soufflé chaud à la mangue.

Il pleut, depuis cet après-midi, les corbeaux crient encore plus fort… je vais essayer de trouver un cyber-café ouvert…

De très grosses bises,

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Commentaires
C
J'ai rempoté ma nouvelle terrasse sous le soleil revenu cet après-midi, à l'heure de la... sieste. Tes photos me donnent envie mais je n'ai pas eu le temps aujourd'hui. J'ai continué la peinture des huisseries aussi. Très active en ce moment ! Ce soir, concert rock à la Fête des Cerises dans mon quartier ; tu en as vues à Calcutta alors. D'accord avec Frédérika sur le voyage du retour. Souvent d'accord avec Frédérika d'ailleurs. J'aurai le droit de la voir, un jour ? Juste la voir... RIRE. Je t'embrasse très fort.
P
Aussi! same same comme disent les vietnamiens... Merci...<br /> Bonjour a tous les autres aussi!
P
Tous ces commentaires lumineux, c'est genial... plein d'intelligence a savourer...<br /> Tres grosses bises<br /> Pascal
P
Merci pour cette petite indication tres juste. Vu comme ceci, ca m'inquiete noins. Je suis curieux de savoir ce que tout ca va changer...<br /> Et puis heureux de retrouver mes amiiii(eeeee)sssss...<br /> Je pense tres fort a toi qui te prepare pour tout a l'heure!<br /> De tres grosses bises,<br /> Pascal
F
Très intéressante Pascal ta Calcutta... Faudra qu'on parle de tout ça à ton retour! cela me fait penser à plein de choses.<br /> Délasse toi bien avant ton retour. Et tout ira bien, héhé! Accueillir le retour comme on s'est préparé au voyage, le retour aussi est un Voyage. Vivre est Voyage.<br /> Gros gros bisous.
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