Calcutta encore
Journée plus calme aujourd'hui pour laisser aux émotions de la veille le temps de faire leur chemin.
Hier soir nous avons dîné avec Parimala dans un restaurant chinois chic. J'ai goûté le rhum indien, pas génial. Le restaurant était amusant, car on se serait cru à Hong-Kong à part qu'il n'y avait que des indiens.
En revenant de nuit, par les rues défoncées avec tout le monde endormi dans des positions pas possibles j'ai pensé avec tristesse qu'il allait venir un moment où je vais devoir quitter Calcutta. Aucune autre ville ne m'a procuré un sentiment de familiarité et de bien-être comme Calcutta. Ce qui ne veut pas dire que je comprends ce qui se passe sous mes yeux.
Mais c'est comme si je me disais, enfin une ville normale, avec des gens normaux et où je peux vivre normalement. Réflexion bien paradoxale quand on connaît le contexte, mais tout à fait réelle et de plus en plus nette. Je découvre que si on accepte de douter des projections et réflexions qu'inévitablement un occidental plein de bon sens est tenté de faire en arrivant à Calcutta, on découvre des choses réjouissantes. Je ne parle pas de choses bêtement attendrissantes, c'est tout à fait le contraire. Quant à la capacité qu'ont les indiens de delirer doucement et avec bonheur, c'est déconcertant. On a l'impression que tout le monde est habité par une douce folie qui permet toutes les excentricités... solitaires ou en groupe.
Je pensais, d'après ce qu'on m'en avait dit que Calcutta était une ville qui tirait vers le bas, bizarrement j'ai rarement autant eu d'énergie que depuis que je suis arrivé ici. Je travaille 12 heures par jour, je marche pendant des kilomètres et la nuit je me réveille après 5 heures de sommeil, réveillé par mon trop plein d'énergie. C'est une ville déliquescente mais pas en train de mourir du tout. Parimala me dit avoir la même sensation et les mêmes problèmes de sommeil, pour les mêmes raisons et elle est indienne de Bombay !
Ce matin j'ai retrouvé avec plaisir les bengalis de la campagne. J'ai marché seul avec eux durant une heure et demi dans le village avec tous les villageois qui s'habituent à me voir.
Je bénéficie en conséquence de plus en plus de sourires et d'invitations à faire une halte.
Ce soir, je reviens du marché de nuit et d'une halte dans un mini temple bricolé et dédié à Kali, encore... Une prêtresse toute en rondeurs, enroulée dans un léger sari écarlate et couverte de bracelets officiait, accompagnée d'une jolie jeune fille et d'un aveugle âgé, en position de yoga... Forte impression d'être dans une scène du Satyricon de Fellini.
J'aime bien aussi, le fait de commencer à prendre des habitudes dans le quartier de Sudder street, de revoir les mêmes personnes tous les jours, les mêmes commerçants. Ca change les rapports.
Bon, vous avez compris Calcutta me plait et j'espère que c'est réciproque !
Des bises à tout le monde,