Les adieux a Bishnupur
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Le temps pour passer devant le blog se rétrécit de plus en plus ces jours-ci. Jérôme est arrivé hier de Delhi, et est venu dans le village hier et aujourd'hui. Hier soir j'ai goutté ma première goutte de vin depuis trois semaines... Jérôme est épaté par ce qu'il a vu dans le village et les écrans et de l'énergie et des surprises que cela génère. Parimala et moi aussi... ce qu'inventent les jeunes bengalis à partir de ce que nous leur proposons est incroyable. Ces trois ordinateurs dans la jungle sont pris d'assaut en permanence. C'est émouvant de voir avec quel respect ils s'en occupent et réjouissant de voir ce que ça leur permet d'imaginer et d'envisager et surtout le plaisir qu'ils en tirent. Leurs pères et leurs mères en longi et sari qui reviennent des champs en portant des fardeaux gigantesques, suivis de buffles avec des charrues du même principe que celles du Moyen Âge sont radieux en voyant leur enfants plonger direct dans le 21 ème siècle avec souplesse. Je crois que c'est pour ça que ça va si vite. Ils n'ont pas été malmenés par les sales conséquences des civilisations industrielles. A midi le work-shop était terminé. Les enfants étaient graves depuis le matin et silencieux. A midi, ils sont arrivés avec des chaises, nous ont fait asseoir, se sont installés devant nous avec des tambours, nous ont offert un cadeau à chacun, puis se sont mis à taper sur les tambours de façon très solennelle et grave. C'était prenant. Ils sont ensuite tous revenus nous remercier avec beaucoup de cérémonial et des yeux très tristes qui commençaient à me donner mal au coeur... Après les adieux je pensais que c'était terminé, mais ils nous ont disposés derrière eux et se sont mis à avancer en cortège en frappant sur les tambours pour nous accompagner jusqu'à l'ambassador garée à 1 km du village. En marchant dans cette jungle magnifique en plein midi, avec cette mélopée très dramatique et solennelle pour nous dire aurevoir, leurs yeux incroyables, les drapeaux avec la faucille et le marteau dans la jungle, les vieux en dhoti et ombrelle rose assis sur un buffle, je me suis dit que l'Inde était vraiment incroyable et j'étais épaté par l'humanité et la sophistication de ces enfants... Mais beaucoup d'autres adjectifs me font défaut pour dire tout ce que ça m'a évoqué. Parimala après quelques pas a éclaté en sanglots... et moi je regardais au loin pour essayer de faire bonne figure... J'ai eu l'impression que ces grondements de tambours me renvoyaient une énergie énorme. En tout cas très belle façon de se dire au revoir et merci mutuellement. Nous avons quitté le village tous effondrés. Dans la voiture personne n'a ouvert la bouche jusqu'à Calcutta. Nous avons juste eu le temps de nous changer et j'ai fait ma conférence à Seaguel avec Parimala et Jérôme. De retour quelques secondes devant le blog pour écrire ces quelques phrases décousues et pleines de fautes car j'ai même pas le temps de me relire. Le directeur de l'Alliance Française organise une soirée ce soir. Et Taryck vole au dessus du Kazakstan en direction de Calcutta. Je vais aller le chercher à l'aéroport cette nuit à 3 h 30... Des bises à tous, Pascal |
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